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  • Photo du rédacteurJean-Baptiste Chauvin

La bible d'exercices


bible des exercices d'impro

Tout formateur d'impro cherche à un moment de son parcours la sacrosainte bible d'exercices, le recueil magique dans lequel tous ses ateliers sont programmés, l'annuaire exhaustif de ce qu'il faut appliquer.

On les trouve ces livres, il en existe plusieurs à commencer par le très populaire "300 exercices d'improvisation et d'exploration théâtrale" de Christophe Tournier. Alors dés qu'on en trouve un, on se jette dessus et on étrenne tous les items, on applique scrupuleusement le déroulement décrit.

Certes on ne va pas réduire le formateur, même débutant, à un exécutant de bas étage, mais ça nous est tous arrivé de chercher dans ces "bibles" un réconfort.

Ouvrons les yeux, les inspirations divines du formateur en impro ne sont pas là. Hé non, car le recueil d'exercices n'est qu'un outil, un tout petit outil, qui certes peut inspirer, mais en aucun cas commander de ce qui est bon pour mon groupe

Pourquoi, parce que déjà l'impro est une pédagogie de l'action et de l'interaction, et que par conséquent tout se joue en direct entre un formateur et ses stagiaires. Le risque en appliquant à la lettre des exercices formatés c'est d'aller vers l'échec et de ne pas savoir pourquoi on échoue.

Quand on se retrouve devant la page blanche de son atelier, on a besoin de mettre du concret: "Ha oui, cet exercice il est sympa", "Celui là aussi, on s'est bien marré la dernière fois"... Mais tout ça ne nous dit rien de ce qu'on va travailler.

À ImproForma, on travaille depuis longtemps autour d'une pédagogie par objectifs qui passe par une analyse des comportements. On se focalise sur tel particularité du jeu et on construit son atelier en fonction. Par exemple, j'ai remarqué que mes joueurs ont du mal à ne pas se coller dés qu'ils entrent en jeu. On a des paquets de joueurs, qui en plus tournent le dos au public. Mon objectif se construit alors là-dessus: présence au public, orientation du jeu, prise de l'espace. À ce moment là seulement je peux chercher mes exercices.

Dés que j'ouvre ma bible, je m'aperçois que peu d'exercices correspondent exactement à mon objectif. Ce n'est toutefois pas impossible, car certains de ces exercices sont universels, sur l'écoute, la confiance en soi, l'imagination...

Alors comment faire. Et bien il faut inventer ses exercices. Houlala! Mais non, c'est assez simple. Un exercice n'a qu'une fonction: me permettre d'atteindre mon objectif et focaliser sur celui-ci. Mes joueurs ont des problèmes d'espace? Je vais contraindre leur espace en les obligeant par exemple à rester sur des points fixes. Ils tournent le dos au public? Je les oblige à jouer sur un seul axe. Construit de cette façon, mon atelier devient cohérent. Par contre, cela m'oblige à faire des retours sur l'objectif. Si je fais un travail sur l'organisation de l'espace et que je fais des retours sur le personnage, je perds tout l'intérêt de mon atelier.

Et ma bible alors, aux oubliettes? Non, mais elle ne deviendra qu'une inspiration à l'écriture de votre propre bible, car avec l'expérience, vous allez étoffer votre panel d'exercices perso. Comme vous les avez créer vous-même, vous saurez exactement à quoi ils servent. Bien sûr, il y a pleins d'exercices que vous jetterez, et puis d'autres que vous utiliserez souvent. Et puis certains exercices marcheront avec tel groupe, et puis pas avec tel autre. Encore une fois, on est avec des humains qui ne réagissent pas tous de la même manière.

Alors achetez vous un bon Moleskine et notez tout ce que vous inventez, dans dix ans vous serez un Dieu de la formation.

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